Évaluer le locus de contrôle

Le concept de locus de contrôle a été développé pour la première fois par Julian Rotter en 1954, et est défini de manière générale comme la mesure dans laquelle les individus croient qu’ils sont capables de contrôler les résultats de leur propre vie. Selon Paquet (2009), le locus de contrôle peut être subdivisé en deux types distincts : le locus de contrôle interne et le locus de contrôle externe. Un locus de contrôle interne est la croyance que les résultats dépendent principalement des actions et des efforts personnels. Dans le cas contraire, un locus de contrôle externe se caractérise par une croyance envers les facteurs et les circonstances externes comme la chance ou la volonté des autres qui contrôlent les résultats.

Quelle incidence en termes de comportements ?

Les études sur le locus de contrôle ont montré que ce concept peut avoir des conséquences significatives sur un large éventail de variables, notamment le bien-être psychologique, la performance académique et les comportements à court terme. Ainsi, les individus qui croient avoir un locus de contrôle interne sont plus susceptibles d’avoir une attitude positive envers leurs activités quotidiennes, de persévérer dans les moments difficiles et de maintenir leurs performances à des niveaux élevés. De même, ceux qui croient disposer d’un locus de contrôle externe sont susceptibles d’avoir une attitude plus négative et de se sentir plus impuissants dans des situations stressantes. Par conséquent, ces personnes peuvent également montrer une plus grande tendance à se laisser aller et à ne pas persister en face des défis. Autrement dit, le concept de locus de contrôle est un outil important à prendre en compte lorsqu’on étudie le comportement humain, car il peut avoir une influence considérable sur la façon dont les gens perçoivent et réagissent aux événements de leur vie. Les chercheurs et les praticiens peuvent utiliser cette information pour aider les gens à améliorer leurs comportements, à mieux s’adapter aux changements et à atteindre de meilleures performances.

Pour l’orientation et le recrutement

Il existe trois différences entre le locus de contrôle et l’attribution.

  1. Le locus de contrôle est considéré comme quelque chose qui se produit avant l’événement, alors que l’attribution se produit après l’événement.
  2. Le locus de contrôle fait référence au fait que le comportement d’une personne est lié ou non à un renforcement, alors que l’attribution définit l’origine du renforcement.
  3. La troisième différence est que le locus de contrôle concerne les renforcements, tandis que l’attribution concerne les comportements de la personne.

Il existe un lien étroit entre la façon dont une personne contrôle sa vie et la façon dont elle envisage son futur emploi. Une étude a révélé que les étudiants qui avaient le sentiment de pouvoir contrôler leur propre vie avaient de meilleurs scores lorsqu’ils pensaient à leur future carrière que les étudiants qui avaient le sentiment de ne pas pouvoir contrôler leur propre vie. Les auteurs notent que les étudiants qui ont le sentiment de contrôler leur vie croient en l’importance de planifier leur future carrière, voient comment leur expérience universitaire peut les aider à obtenir un emploi et sont plus sensibles aux avantages de l’apprentissage.

Ce lien étroit entre la mesure dans laquelle une personne contrôle sa propre vie et la façon dont elle planifie sa future carrière a été confirmé par l’étude de Bernadelli en 2003. Les travaux de Chevrier en 1987 ont également montré que les personnes qui contrôlent leur propre vie ont généralement une connaissance étendue de différentes choses.

Une différence avec le « sentiment d’efficacité personnelle »

Le locus de contrôle est une façon de voir le monde et de se comprendre soi-même. Il aide une personne à savoir ce qu’elle doit faire ensuite, sans dépendre des autres. Le sentiment d’auto-efficacité est similaire, mais différent en ce qu’il se réfère à la capacité d’une personne à accomplir des choses. En ce qui concerne le modèle hiérarchique de la maturité, nous savons que le locus de contrôle est positivement corrélé à l’internalité, mais il est difficile à ce stade de le relier à l’échelle des processus ou de l’auto-représentation.

Conclusion

En conclusion, la compréhension du concept de locus de contrôle est essentielle pour les chercheurs et les praticiens afin d’aider les gens à améliorer leurs comportements, à mieux s’adapter au changement et à obtenir de meilleures performances. Il est également important en termes d’orientation et de recrutement car il peut avoir une influence significative sur la façon dont les gens perçoivent et répondent aux événements de leur vie. En outre, il existe des différences entre le locus de contrôle et l’attribution qui doivent être prises en compte lors de l’étude du comportement humain. Enfin, l’auto-efficacité partage certaines similitudes avec le locus de contrôle, mais ne doit pas être confondue avec lui en raison de ses objectifs différents. Dans l’ensemble, prendre en considération le pouvoir que les motivations internes ont sur nos activités quotidiennes apportera certainement des résultats positifs tant sur le plan personnel que professionnel.

La première impression…

Voilà une étude qui devrait faire réfléchir dans les cabinets de recrutement et les tests de recrutement : La première impression est souvent la mauvaise !

Plusieurs facteurs apparaissent comme décisifs , au quotidien quand on rencontre pour la première fois une personne, mais aussi dans un entretien d’embauche :

1 – Se détendre en tant que recruteur

votre humeur juste avant la rencontre : L’étude montre et démontre très clairement par le biais d’un simple amorçage sémantique sur des mots soit à connotation positive, soit négative que appréciation de la nouvelle personne est biaisée. Mauvaise humeur = mauvaise 1ere impression.

  1.  2 – Standardiser

C’est fou, mais l’ordre des adjectifs qualifiant ou présentant une personne (sur un CV par exemple) a une incidence réelle sur la perception et la représentation de cette dernière. Autrement dit, changer l’ordre des éléments de présentation et la perception de sa personnalité sera différente !

C’est fou…

La solution : au moins dix minutes avant de prononcer un avis, une évaluation, le temps d’estomper l’influence de ces processus.

Méfiez-vous de vos premières impressions, elles viennent de vous …

 

Etude : A.Todorov – Face Value : The irresistible influence of first impression  – 2017
A.DEmarais & V.White – First impressions : what you don’t know about how others see you – 2005

Différences entre Cadres et Employés – part 3

Rappel : Notre base de données contient 640 000 observations x 131 items(questions) sur 12 ans, qualifiée âge, genre, CSP
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Cet article fait suite à Différences entre Cadres et Employés – part 2

 

Nous continuons notre exploration des caractéristiques particulières des Cadres.

Nous avons trouvé des résultats étranges qui sortent un peu de notre approche opposant Cadres et Employés, mais qui ont le mérite de susciter une belle réflexion.

La question 249 :  » Je m’echauffe en parlant « 

Variations par rapport à la moyenne par CSP
(OUI=1pt, NON=4pts, moyenne=2.65 soit « non »)

Cadres (informatique, télécoms) -0.02
Cadres autres secteurs -0.03
Chefs d’entreprises -0.14
Professions libérales -0.13
Professions intellectuelles, artistiques -0.19
Chercheurs ou médecins des hopitaux -0.11
Enseignants ou personnels de la santé -0.12
Etudiants 0.01
Collégiens-Lycéens 0.04
Agriculteurs exploitants -0.04
Ouvriers spécialises ou agricoles 0.04
Artisans -0.04
Commercants et assimilés -0.06
Employés (informatique, télécoms) 0.00
Employés de la fonction publique 0.00
Employés des entreprises 0.03
Retraités, pré-retraités -0.42
Chomeurs et inactifs 0.01

Observations : il est important de noter que la moyenne totale de cette question est de 2,65 points. Autrement dit, la moyenne des personnes testées « ne s’échauffe pas en parlant ».
Bien que ce ne soit pas notre sujet, nous observons que ce sont les retraités et préretraités qui montrent la plus grosse variation avec -0,42 de différence, ce qui les amène à la réponse opposée, c’est-à-dire « oui je m’échauffe en parlant ».

Interprétation

Cette question n’est pas compliquée à comprendre, elle n’a pas de double sens.

Ce qui a attiré notre attention, c’est que les Cadres sont ici significativement différents des Chefs d’entreprise et Professions libérales. C’est une des rares questions où c’est le cas. En effet, sur les 131 questions que compte le test de personnalité, nous observons régulièrement des variations synchronisées entre les postes à responsabilités et les autres.
En d’autres termes, souvent, les Cadres et les Chefs d’entreprise ont des moyennes proches. Or, ce n’est pas le cas ici.

Ce qui nous paraît étonnant ici, ce n’est pas que les professions intellectuelles et artistiques soient plus enclins à s’échauffer en parlant, c’est que les chefs d’entreprise et professions libérales le soient et pas les Cadres.

Conclusion

Si nous partons du principe que le fait de s’échauffer en parlant est l’expression d’une certaine exaltation, voire d’une passion, alors nous observons que la différence subtile entre les cadres et les chefs d’entreprise est justement ce supplément d’âme.

Peut-être est-ce là une des différences fondamentales entre un Cadre et un Chef d’entreprise, un degré de passion supplémentaire, l’expression de la différence entre faire pour soi et faire pour les autres.

Nous notons aussi, qu’il est possible de renverser l’interprétation de la question, en disant que les cadres se maîtrisent plus que les chefs d’entreprise…

Différences entre Cadres et Employés – part 2

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A la suite de notre petite découverte anecdotique, nous avons voulu en savoir un peu plus sur les différences entre les cadres et les employés. Plus exactement, nous avons regardé s’il n’y aurait pas une question qui serait particulièrement « typique » des cadres et chefs d’entreprise comparés au « reste du monde » . Et devinez quoi ? Il y en a une belle.

La Question 251 : Un changement en perspective m’angoisse

Variations par rapport à la moyenne par CSP
(OUI=1pt, NON=4pts, moyenne=2.51 soit « neutre »)

Cadres (informatique, télécoms)      0.25
Cadres autres secteurs      0.36
Chefs d’entreprises      0.31
Professions libérales      0.18
Professions intellectuelles, artistiques      0.17
Chercheurs ou médecins des hopitaux      0.03
Enseignants ou personnels de la santé –   0.04
Etudiants –   0.01
Collégiens-Lycéens –   0.07
Agriculteurs exploitants –   0.08
Ouvriers spécialises ou agricoles –   0.03
Artisans –   0.00
Commercants et assimilés      0.02
Employés (informatique, télécoms)      0.01
Employés de la fonction publique –   0.00
Employés des entreprises      0.00
Retraités, pré-retraités      0.03
Chomeurs et inactifs –   0.13

Observations : Il est très important de noter qu’avec un score moyen de 2.51, les variations font passer les réponses de « oui » à « non ».

Autrement dit, nous observons de façon claire et nette que les Cadres et Chefs d’entreprise Ne sont PAS angoissés par un changement de perspective
alors que les Chômeurs et inactifs le sont particulièrement

Interprétation

Cette question n’a pas de double sens. Elle est simple à comprendre.

Il semble donc que la caractéristique majeure de ces catégories professionnelles soit d’être pourvue d’une insensibilité émotive à l’éventualité d’un changement.

Autrement dit, si nous considérons qu’une émotion  de peur est un frein à l’action (ce qui est certainement discutable et un peu plus complexe dans les détails), alors nous pouvons estimer que cette insensibilité est la cause ou conséquence d’une capacité d’adaptation hors moyenne, c’est-à-dire une capacité à réagir pleinement à un changement.

Une fois de plus il est important de noter que cette attitude ne permet pas de dire si l’individu s’adapte effectivement adéquatement aux changements. Nous observons simplement que les Cadres et Chefs d’entreprise ne ressentent par défaut pas de peur à l’idée d’un changement. Plus que cela, avec 0.30 pts de différence, cette caractéristique est considérable.

Nous notons au passage le chiffre étonnant des « agriculteurs exploitants » qui mériterait certainement une analyse particulière. Hypothèse: Le changement est alors avant tout un changement de météo, c’est-à-dire une perte d’exploitation ?

En terme de recrutement

Il semble que pour un poste à responsabilité, la peur du changement soit hors moyenne et donc à creuser. En effet, s’il est « normal » pour un postulant d’avoir cette capacité à l’adaptation, il est à vérifier que le stress généré par un changement n’est pas aussi  un moteur  à l’adaptation, à la rigueur etc.

Donc, les cas qui posent question sont les Cadres et Chefs d’entreprise qui ont peur du changement. Cela n’en fait pas des incompétents pour autant, il faut simplement corréler cette question avec d’autres pour vérifier si cette émotion est bloquante ou pas.

En terme de psychologie

Cette approche par catégorie professionnelle doit attirer votre attention sur les mêmes cas particuliers en considérant que :

  • Les postes à responsabilités répondent significativement « Non », pas d’anxiété d’anticipation.
  • Les autres métiers sont non-signifiants
  • Le cas des Agriculteurs est certainement une conséquence du métier plus qu’une sensibilité psychologique (la cause et l’effet du trait anxiogène sont plus compliqués à déterminer)
  • Idem chômeurs.

 

Commentaires et questions, n’hésitez pas.

Différences entre Cadres et Employés – part 1

Rappel : Notre base de données contient 640 000 observations x 131 items(questions) sur 12 ans, qualifiée âge, genre, CSP
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Il arrive souvent qu’au détour d’une tâche, on fasse une découverte qui n’a rien à voir avec ce qu’on était en train de faire.

Alors que nous travaillons sur la mise au point d’un algorithme de profilage automatique , nous avons remarqué une disparité étrange sur une question.

Il s’agit de la question 12 : J’ai des regrets (Ne pas avoir fait quelque chose)

et du coup aussi, la question 5 : J’ai des remords (Avoir fait quelque chose qu’on aurait préféré éviter) , qui est parfaitement corrèlée.

Un indicateur simple pour le recrutement ?

Variations par rapport à la moyenne par CSP sur : 12 : J’ai des regrets (Ne pas avoir fait quelque chose)
(OUI=1pt, NON=4pts, moyenne=1.9 soit « plutôt oui »)

Cadres (informatique, télécoms)      0.31
Cadres autres secteurs      0.43
Chefs d’entreprises      0.34
Professions libérales      0.25
Professions intellectuelles, artistiques      0.27
Chercheurs ou médecins des hopitaux      0.17
Enseignants ou personnels de la santé      0.15
Etudiants –   0.01
Collégiens-Lycéens –   0.19
Agriculteurs exploitants –   0.07
Ouvriers spécialises ou agricoles –   0.06
Artisans      0.02
Commercants et assimilés      0.05
Employés (informatique, télécoms)      0.09
Employés de la fonction publique      0.08
Employés des entreprises      0.09
Retraités, pré-retraités      0.03
Chomeurs et inactifs –   0.08

La question 5 contient le même genre de variations.

Donc, ce qui se voit clairement, c’est que les CSP+ sont au minimum 0.15 pts au dessus de la moyenne, et 0.30 pour les cadres et chefs d’entreprise.

Ce sont des différences plus que non-négligeables.

Interprétation

La question 12 reflète 2 comportements simultanés qui doivent être séparés par le biais d’autres questions :

  1. « J’ai des regrets » : parce que je ne suis jamais dans l’action et dans l’initiative
  2. « Je n’ai pas de regrets » : parce que je ne fais jamais l’analyse émotionnelle de ce que j’aurai pu faire ou pas

Il faut faire très attention au fait que les motivations de réponses ne sont pas sur le même plan.

Ainsi, on ne sait pas, a priori, si les Cadres et Chefs d’entreprise ont nettement moins de regrets parce qu’ils sont systématiquement plus dans l’action et l’initiative, ou si c’est parce qu’ils font moins soumis à cette « culpabilité » envers soi-même sur quelque chose de passé.

Autrement dit, on ne peut pas trancher sur ces 2 questions (remords et regrets) la cause psychologique. Par contre, il est à présent de l’ordre du fait que Cadres et Chefs d’entreprise, et plus globalement l’ensemble des postes à responsabilité, montrent une nette différence  sur ces 2 questions.

 

Pour les responsables des ressources humaines

La prochaine fois que vous poserez des questions à vos postulants, pensez à leur demander s’ils ont des regrets ou des remords, dans la vie en général  !
Les CSP- répondent plutôt oui, les CSP+ répondent plutôt neutre ou non

Ce sont deux questions centrales du rapport à l’action, l’initiative, le scrupule, la gestion de l’echec, le fatalisme etc.

La vraie difficulté sera de définir si le postulant n’as pas de regrets parce qu’il est tout le temps dans l’action ou si c’est parce qu’il ne fait pas (ou n’est pas sensible à) ce processus d’analyse du passé. Dans le premier cas, cela indiquera une force dynamique, dans le deuxième une « absence de scrupules ». Il y a fort à parier que ce soit souvent un peu des deux .